Actualisation des revendications à Orange

Malgré un contexte concurrentiel exacerbé et des dispositions réglementaires défavorables, pour la 3ème année consécutive, les résultats financiers d’Orange pour l’année 2018 sont très positifs. Pour autant l’implication et « la formidable mobilisation des femmes et des hommes d’Orange » (Stéphane Richard) qui ont permis l’atteinte des objectifs ne se traduit pas par une amélioration de leur situation. Bien au contraire. FOCom dénonce une dégradation qui fait craindre un retour d’une crise sociale. L’enquête triennale sur les conditions de travail et le stress qui vient d’être publiée conforte nos alertes. C’est le produit de la politique de réduction massive des coûts associée à l’engagement de verser un dividende élevé garanti sur une longue période (2 Milliards annuels).

Les plans « Chrysalid » (3 milliards entre 2011 et 2014) puis « Essentiel 2020 » (3,6 milliards réalisés fin 2018 sur un objectif de 3 entre 2015-2018) se traduisent par :

  • des suppressions massives d’emplois,
  • le recours à la sous-traitance,
  • des plans de réduction massifs des investissements (programme Lean Capex) au risque de compromettre l’avenir du Groupe,
  • une politique salariale et de reconnaissance indigente,
  • la recherche incessante de productivité sur le dos des salariés : réorganisations permanentes, SI inadaptés, fusion des entités (avec le dernier avatar de l’« ancrage territorial »), explosion de la charge de travail, polyvalence, polycompétence, formations au rabais, manque de transmission des compétences, etc…
  • une « optimisation immobilière » se traduisant par des déménagements en série et l’imposition de modes de travail délétères (open source, Flex office).

Pour FOCom d’autres choix sont possibles en termes d’affectation des ressources de l’entreprise. Pour la France, depuis plusieurs années, l’amélioration du taux d’EBITDA repose sur la réduction des charges de personnel plus que sur une dynamique de croissance. Et la diminution des charges, essentiellement salariales, a nécessairement des effets dévastateurs sur les effectifs, la charge de travail, la reconnaissance et les conditions de travail. La pression sur les coûts doit cesser. Les moyens existent pour investir, créer des emplois et pratiquer une politique sociale beaucoup plus ambitieuse au bénéfice des salariés.

La recherche de bonnes conditions de travail doit être accompagnée de mesures concrètes visant à mettre en œuvre les conditions du « bon travail » et la lutte contre la « qualité empêchée ». Le problème crucial de la maîtrise la charge de travail doit être durablement solutionné en particulier par une politique de l’emploi ambitieuse et une organisation mieux adaptée. FOCom attend des plans d’actions efficaces pour simplifier les procédures, favoriser la coopération et l’entraide, développer l’intelligence collective et l’autonomie. Des relations sociales sereines passent par une écoute effective des personnels, la mise en œuvre intégrale et loyale des accords, le respect du dialogue et des instances. Au moment où vont disparaître les CHSCT, DP et CE fusionnés dans la seule instance du CSE, nous réitérons nos alertes sur l’attention que doit porter la Direction à nos revendications issues du terrain, aux attentes des salariés. En particulier il faut arrêter la sous-traitance, stopper la folle course aux réorganisations sans égard pour les personnels.

Concernant le social à Orange, au-delà du système maintenant reconnu du « panier pour tous » comme moyen de gestion dans les CE des Activités Sociales et Culturelles, FOCom défend la préservation des principes d’égalité et de solidarité. C’est la raison pour laquelle FOCom se bat pour :

  • l’existence des associations sociales historiques qui promeuvent des actions d’entraide telles que le don du sang, le secourisme ou l’aide aux malades…
  • la restauration collective qui contribue à une alimentation équilibrée dans un bon rapport qualité/prix et favorise le lien social. Une mutualisation nationale des coûts est rendue possible grâce à la gestion déléguée de la restauration à la direction par l’accord d’entreprise de 2005,
  • la gestion centralisée d’un certain nombre d’activités sociales et culturelles pour préserver leur existence et une juste répartition. Ainsi les vacances et séjours enfants, les aides pécuniaires, les associations sociales, les prestations aux seniors doivent continuer à être gérés par le CCUES.

FOCom réitère :

  • son exigence que l’Etat garde une part prépondérante dans le capital d’Orange, entreprise phare pour l’emploi, le statut et les conditions de travail des salariés dans le secteur,
  • l’abandon de la politique ultra-libérale européenne, relayée en France, dont les salariés du secteur font, au final, toujours les frais. Cette posture idéologique se traduit par des distorsions persistantes qui induisent en Europe un effondrement des marges des opérateurs, de leurs capacités d’investissement et d’embauche. En plus de la concurrence entre eux et d’une régulation défavorable, ils doivent face à la pression concurrentielle des acteurs mondiaux de l’internet, les GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft) qui bénéficient, par-dessus le marché, d’une « optimisation fiscale » complaisante.

Pour autant FOCom réfute le discours de la Direction qui s’appuie sur la concurrence, les mesures défavorables prises par le régulateur et les mutations technologiques pour justifier les suppressions d’emplois, les réorganisations et les restrictions budgétaires de tous ordres. Si ce sont des réalités dommageables que nous combattons, FOCom refuse que les salariés paient les conséquences d’une politique dont ils ne sont pas responsables, alors que, dans le même temps, Orange augmente chaque année les dividendes versés aux actionnaires au détriment des conditions de travail, salaires et investissements qui garantissent les emplois de demain.

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