Au sein de la branche Réseau-Banque, La Poste se vante de garder le même maillage territorial avec plus de 17.400 points de contact. On pourrait, au regard des réseaux concurrents, considérer que c’est un point positif. Maintenant, il faut savoir ce que l’on entend par réseau car un point de contact n’est pas forcément un bureau de Poste. Sur ces 17.400 points de contact, seuls 8.263 sont des bureaux de plein exercice, 503 des maisons de service au public et 917 des bureaux Facteurs Guichetiers. Le delta pour arriver aux 17.400 points de contact prévus dans le contrat d’entreprise est constitué de partenaires sollicités par La Poste. Il s’agit d’Agences Postales Communales, de Relais Poste Commerçants, de Relais Poste Urbains ou autres Relais Poste Ruraux qui représentent plus de 9.120 partenaires, ce qui a permis à La Poste de fermer de vrais bureaux de Poste tout en affirmant qu’il y avait autant de « bureaux de poste » puisqu’il existe toujours 17.400 « points de contact ». En jouant sur les mots, on y arrive !
Toutes ces transformations et ces évolutions ne sont pas sans conséquences sur les conditions de travail des agents et sur le service rendu au client. Si cela permet à La Poste de faire de la productivité, cette dernière n’a cependant jamais autant perdu de clients bancaires (en moyenne 400.000 chaque année) et n’a jamais eu autant de personnels désengagés (démissions, ruptures conventionnelles, licenciements pour inaptitude…).
Se retrancher derrière les changements de comportement, les nouveaux modes de consommation pour fermer les bureaux, changer les horaires ou supprimer des positions de travail est une posture que La Poste continue de tenir malgré les alertes et les risques qu’elle fait prendre.
Les conditions de travail n’ont jamais été aussi difficiles. Le manque de moyens de remplacement, les déplacements de plus en plus longs ou encore la surcharge de travail obligent les chargés de clientèle et commerciaux à une adaptation quotidienne qui est cause de stress, burn-out et risques psycho-sociaux. A ce triste constat s’ajoutent les incivilités qui n’ont jamais été aussi importantes avec 17.750 incivilités déclarées en 2018 contre 5.024 en 2010. Il faut savoir également que le nombre de menaces de mort et de représailles ont avoisiné les 5.600 en 2018.
Suite à la mise en place du Plan Opérationnel de « Lutte contre les Incivilités » (POLI) ou encore l’accord BPS (Bureaux à Priorité Sociétale), ce ne sont pas moins de 2.289 actions qui sont déployées sur 550 bureaux auxquelles se sont ajoutées les formations de prévention déclinées par La Poste. En fait, cette dernière essaie de répondre aux situations de détresse qu’elle a elle-même créées. Car c’est bien La Poste qui contribue, à travers l’organisation qu’elle impose, à l’augmentation du nombre d’incivilités, à l’absentéisme et aux «risques psycho-sociaux » de ses personnels. C’est La Poste qui est responsable de la désorganisation et de l’affaiblissement du réseau et donc de la dégradation des conditions de travail.
Si prévention et formation ne sont toutefois pas à négliger et sont même de réelles avancées, cela ne conduit pas La Poste à remettre ses choix en question. Ainsi, elle continue sa même stratégie : supprimer chaque année des emplois (notamment 1.500 Chargés de Clientèle pour 2019) et valider des organisations de travail qui mettent l’agent en grande difficulté face à la charge de travail et la pression constante du combien. Et de continuer à fermer des bureaux « à tout va » en se camouflant derrière le manque de moyens de remplacement. Quelle entreprise aujourd’hui ferme son magasin par manque de vendeurs ?
Nous savons que cette politique est mortifère pour l’avenir des chargés de clientèle et commerciaux notamment avec l’arrivée de la CNP. Car le développement d’une banque-assurance nécessite un maillage de bureaux suffisant pour apporter les moyens nécessaires à la réussite assurancielle. Le réseau des bureaux de Poste n’a-t-il pas été l’une des motivations de la CDC pour faire de la CNP l’une des filiales de la Poste ?
Face à ce constat, quelle réponse syndicale apporter ? La première des réponses est bien sûr politique car les choix sont eux-mêmes politiques ! Une fois de plus, c’est en garantissant le service public postal avec notamment l’aménagement du territoire et l’accessibilité bancaire que se trouve la réponse : assurer de façon pérenne les missions de service public du réseau en exigeant leur financement. En parallèle, quelle action sur le terrain peut-on mener sachant que si action il y a, il faudra que ce soit de manière collective et coordonnée sur tout le territoire pour peser le plus possible ?
Le congrès est l’occasion de réfléchir aux actions concrètes à mettre en place pour défendre le réseau des bureaux de Poste et pour que les postiers voient leur avenir sécurisé.